Depuis le mois de juillet 2018, j’ai trouvé refuge dans un atelier de sept mètres carrés au septième étage sans ascenseur d’une petite chambre avec fenêtre sur cour, au cœur de Paris. Espace réduit où les rayons du soleil ne passent qu’au travers d’une petite lucarne, j’utilise ce puits de lumière naturelle et développe une œuvre originale, libre, où se rejoignent toutes les expressions visuelles que j’ai mises en œuvre dans mon travail depuis 2014. Ces photographies avaient leurs titres pour seule identité commune (à savoir des PN, des PNC, des PP, des PH et des PX), mais se retrouvent maintenant liées par ce lieu : La Chambre. J’aime parler d’« extraction cervicale » pour décrire mon travail qui provient du fond de l’écran de ma rétine, à la recherche d’une interprétation de ma réalité esthétique. Je travaille mes images comme un brouillage de la mémoire, une altération du souvenir afin d’arrêter le temps. J’y romps ma solitude en invitant des modèles que je forge et transforme pour la photographie imaginée, entre peinture et photographie.
Usant surtout de vitesses lentes, je coupe ma respiration sur la plupart de mes clichés intérieurs, tandis que je la reprends, respirant a pleins poumons, dans des paysages de solitude qui m’ouvrent des horizons qui se referment une fois remonté dans la chambre. Cet échappatoire créatif vient ponctuer mes apnées de respirations silencieuses, comme les moments de peinture où je prépare mes Passeports sur de grands cartons, et mes Perturbations que je mets en scène en peinture sur les trois murs de la Chambre, usant les mêmes vêtements perpétuellement repeints, sans cesse recyclés pour mes modèles dans un cycle infini.
Concernant les Passeports (PP), je travaille a l’acrylique sur de grands cartons que je recouvre de vitres où le sujet apparait dans la peinture en s’y reflétant; le sujet photographique s’incruste alors dans la peinture où mon œil se promène pour choisir la composition qui me touche.